Au cours des dernières années, la très polyvalente France Castel a multiplié les rôles à la télévision, au cinéma et au théâtre, en plus de briller à titre d’animatrice. Mais ce qu’on tend à oublier, c’est que l’artiste a d’abord fait ses débuts dans le métier comme choriste et chanteuse. Plus de 45 ans après la parution d’En corps à cœur, son dernier album de pièces originales, elle revient à la chanson et propose France Castel, où elle se raconte avec transparence et authenticité.
L’obtention du prix d’interprète Lucille-Dumont, que lui a décerné la Fondation SPACQ en 2021, a été la bougie d’allumage : « Je croyais avoir fait le deuil de la chanteuse solo, mais ce prix m’a donné le goût de renouer avec la création de nouvelles chansons. »
France Castel nous offre un bouquet de pièces écrites sur mesure pour elle par des auteur.rice.s et des compositeur.rice.s de talent. Louis-Marie Mathieu, Pierre Huet et Thérèse Bichara, aux textes, ainsi que Pascal Mailloux, Manon D’Inverness, Daniel Lavoie, Andrea Lindsay et Luc De Larochellière, aux musiques, ont su saisir les multiples facettes de sa riche personnalité.
Oscillant entre sensibilité, fougue, lucidité, sensualité, tendresse et sagesse, la chanteuse assume pleinement son passé et son présent, tout en s’appuyant sur son grand talent d’interprète. Quant à la palette des styles – chanson, pop, valse, blues, jazz, country –, elle reflète la diversité de ses goûts et intérêts musicaux, tout comme les arrangements qui misent sur le piano, les cordes et les cuivres.
Ce recueil de chansons en forme de bilan nous dévoile une femme au parcours pas banal, comme elle le chante sur C’est la mienne : « J’ai eu une vie extraordinaire / Où j’ai marché sur un fil de fer / C’est la mienne / La bonne j’en suis certaine. » Ailleurs, l’interprète explore les mille nuances de l’amour, qu’il soit dévorant (brûlante Miles), passionnel (L’amour est né), tendre (On s’aime encore) ou fané (touchante Le long des pointillés).
La chanteuse, qui a participé au spectacle La Renarde, sur les traces de Pauline Julien en 2019, rend un vibrant hommage à la pasionaria sur Tendre comme une Pauline. Elle atteint des sommets d’émotion sur Liberté, ma bien-aimée, véritable déclaration d’indépendance, et sur On berce nos démons, une pièce empreinte de gravité : « Il me reste trop peu de tout ce que j’étais / Il m’en reste aussi beaucoup trop / Quand par malheur je soupèse mes regrets / Je soupèse aussi les bravos. »
Et que la chanteuse jette un regard lucide sur les années qui passent (Le temps fou), qu’elle mise le tout pour le tout (Bluff) ou qu’elle évoque son métier d’actrice (Ma vie comme du cinéma), où fiction et réalité parfois se confondent, le ton est toujours juste.
Réalisé et arrangé par Pascal Mailloux (claviers, voix), l’album permet d’entendre Sylvain Lamothe (basse et contrebasse), Philippe Brochu (batterie et percussions), Mario Hébert (guitares), Amélie Lamontagne (violon), Sophie Coderre (violoncelle), Ron Di Lauro (trompette), Mohamed Abdul Al Khabyyr (trombone), Dominique Léveillé (trompette), Édouard Touchette (trombone), Lina Boudreau (voix) et Virginie Cummins (voix). Le livret est illustré de magnifiques photos de l’interprète signées Laurence Labat.