La chanteuse d’origine allemande EVA occupe dès les années 1960 une place particulière dans la chanson française. Née en 1940 à Berlin d’une mère d’origine lituanienne et d’un père russe, elle commence à chanter dans l’ensemble de jazz de son lycée, puis, à 18 ans, elle quitte sa ville natale pour étudier le journalisme à Paris.
À Saint-Germain-des-Prés, elle découvre la chanson française avec Brel, Barbara, Anne Sylvestre et Georges Moustaki. À la faveur d’une audition, La Polka des mandibules, cabaret très en vogue alors, l’engage. Sa carrière prend son envol alors qu’elle est très jeune.
En 1964, EVA accompagne Georges Brassens dans son spectacle de Bobino; elle sort son premier album éponyme qui lui vaudra le Grand Prix du disque. À son répertoire, Eva inscrit les chansons des plus grands auteurs et compositeurs de l’époque : Barbara, Anne Sylvestre, Charles Dumont, Maxime Leforestier. Elle a chanté un peu partout en Europe mais aussi au Liban, en Iran, au Canada et en Afrique Occidentale.
À Paris, elle a connu les cabarets mythiques de la Rive Gauche et les scènes prestigieuses de l’Olympia (avec Michel Sardou) et de Bobino (1964 et 1966 avec Georges Brassens), puis avec Serge Reggiani (1968) avec qui elle fera ensuite une grande tournée à travers la France.
Entre 1969 et 1976, elle enregistre une série d’albums sur lesquels elle devient compositrice de ses chansons, souvent en collaboration avec les parolières Danièle Vézolles (L’orage, Ce soir…) et Laurence Matalon (Où s’en vont mourir les rêves ?, Berlin, Amsterdam ou ailleurs…)
En 1972, EVA représente la France au festival de Sopot en Pologne où elle remporte les prix d’interprétation et de composition pour sa chanson Où s’en vont mourir les rêves ? dont elle a écrit la musique.
C’est en 1966 qu’EVA effectue sa première tournée au Québec; elle y revient à plusieurs reprises y donner des spectacles inoubliables. Elle s’installe à Montréal dans les années 1980. C’était une véritable histoire d’amour entre le public québécois et EVA. Elle chante à la salle Wilfrid-Pelletier et au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts à Montréal, au Grand-Théâtre de Québec et au Centre national des Arts à Ottawa.
En 1997, lors du Festival d’été international de Québec, EVA donne un récital piano-voix devant une foule de plus de cinq mille spectateurs subjugués. C’est aussi au Québec qu’elle enregistrera les disques « Intérieurs » en 1984 (réédité en disque compact sous le titre « Comme un phénix » en 1997) et « Vertiges » en 1994. Cinq ans plus tard, son coffret « De Berlin à Paris », une compilation de ses chansons les plus connues, sort en France.
EVA avait une admiration profonde pour Marlene Dietrich en tant qu’artiste et femme engagée contre le nazisme. Elle lui dédie en 2005 ce qui sera son dernier album, « À Marlene » (réédité en 2010). Elle y interprète, tour à tour en français, en anglais et en allemand les plus belles chansons de Marlene. Le disque, par son interprétation sobre et émouvante (piano et voix) est salué à l’unanimité par la presse.
EVA a continué à se produire au Québec et c’est au Goethe Institut à Montréal qu’elle donne son dernier spectacle en mai 2011.
Elle s’éteint au Québec le 10 mars 2020 des suites d’une longue maladie.